Les deux journées de supervision et respiration holotropique du 08 juin et du 07 décembre 2023 se dérouleront en visioconférence.

Comment faire avec les émotions? Nous avons compris comment notre développement psychique et notre déploiement sont très en lien avec l’émotion et la relation à l’émotion. Une vie libre serait une vie qui ressent et laisse passer les sensations, les émotions, les pensées… C’est la réaction à nos émotions, la relation, l’attitude que nous avons avec elles qui a fait de nous et fait de nous qui nous sommes et comment nous nous comportons. (L’émotion un  chemin vers l’être, 2eme chapitre)

Comment accompagner l’émotion ? Comment devenir plus conscient et plus libre avec l’émotion ?

Sans doute ne serons nous jamais parfaitement conscients et parfaitement à l’aise avec toutes les émotions toujours. Mais nous pouvons faire un chemin :

. de la coupure au contact avec l’émotion là où il est coupé

. et de l’identification réflexe à l’émotion : «  j’ai peur et je ne suis plus que la peur et c’est la peur qui agit» (sans possibilité de prendre du recul) jusqu’à « être avec ma peur » (ma peur est là, je la sens mais je n’en suis pas victime).

Ce chemin à partir des émotions pourrait être vu comme l’essentiel du chemin humain.

Les chemins de l’émotion

La façon dont nous sommes en relation ou non avec nos émotions dépend totalement de la relation globale qu’on a avec soi-même. Sommes-nous victimes de nos émotions ? Sommes-nous de grands contrôleurs qui refusons l’émotion? Sommes-nous indulgents avec nous-mêmes ? Savons-nous nous accepter, sommes-nous de bons compagnons pour nous-mêmes ?

Dans la relation à l’émotion, il y a plusieurs étapes qui sont des étapes de conscience et aussi les différents aspects  du processus de transformation.

repérer, contacter, sentir ce qui passe, dans le corps, dans le cœur. Il se passe « quelque chose ».

2  reconnaitre qu’il y a là une émotion sans la juger

3 nommer l’émotion : identifier l’émotion et la nommer (pour soi)

3 accepter : légitimer  cette part de soi et l’accepter. Nous sommes vivants et rien de ce qui est humain ne peut nous être totalement étranger.

4 choisir : dans la maturité que l’on peut développer avec l’émotion, arrive le temps du choix.  Nous pouvons :

soit dans son intimité : la danser, l’écrire, la sculpter, la peindre, la chanter, la crier, la pleurer,

soit dans la relation : la dire de suite ou plus tard.

Dans la libération du corps et de l’être, l’expression de l’émotion est essentielle. Le retour à des traumatismes du passé, proches ou lointains, offre la possibilité de vivre totalement ces événements ou situations et, en général, de contacter et d’exprimer les émotions qui y étaient associées et qui avaient été retenues pour différentes raisons. Cette expression de l’émotion permet d’achever une « histoire », une Gestalt,[1] de l’intégrer et d’assimiler cette expérience pour être prêt à du neuf, plutôt qu’à une répétition incessante de schémas anciens. Cette décharge libère les tensions accumulées parfois sur de longues années. Et “ce n’est pas l’image passée qui a provoqué la décharge de l’affect, mais la relaxation de l’inhibition présente.”[2] C’est bien dans le présent que le contact et la libération sont possibles. C’est là un des sens du travail corporel et émotionnel : libérer et laisser s’exprimer maintenant les émotions retenues ou gelées dans le passé.

Plus largement se libérer des schémas répétitifs passe par l’ouverture à une conscience intégrale des émotions. Notre vie intérieure est régie par les émotions, en général de manière inconsciente, et prendre conscience ou/et exprimer les émotions permet dans un premier temps de se les réapproprier, de les accepter et d’apprendre à s’aimer aussi avec ces émotions qui sont une expression du vivant, de la vie à travers nous comme tout ce qui se présente en nous.

Le corps

Nous avons des habitudes, des réflexes qui nous poussent à juger les émotions : bonne ou mauvaise, honteuse, etc. Un axe important du travail est de s’entraîner et d’entraîner l’autre à constater simplement ces émotions et à les accueillir sans faire d’histoires, simplement, sans jugement : cette émotion n’est ni bonne, ni mauvaise, elle est juste présente.

Pour accueillir, gérer, contenir l’émotion il s’agit d’être dans son corps, de respirer, (une posture plus équilibrée, une respiration profonde, un recul physique, un soupir, un étirement sont souvent suffisants pour rester avec l’émotion sans réagir : ni fuir, ni agir par réflexe). L’expression respectueuse de l’émotion est parfois possible et permet de libérer la tension éventuelle.

A chaque instant, nous avons l’opportunité d’accepter ou de fuir, de refuser, ce qui se passe là à l’intérieur de nous, souffrances, tensions… parfois bonheurs et plaisir. De nombreuses personnes, par habitude, ont aussi beaucoup de mal à recevoir ce qui est bon pour elles. Si nous avons le courage d’accueillir et d’explorer notre vécu de l’instant, quel qu’il soit et quoiqu’il nous fasse vivre, alors nous nous approchons de nous mêmes, nous reconnaissons quelque chose de nous et nous sommes plus entiers, plus authentiques.

Quand il y a une émotion bloquée ou inaccessible, une partie de la vitalité est utilisée pour maintenir ce blocage. Retrouver l ‘émotion permet donc de retrouver aussi cette énergie. Il n’y a pas forcément besoin d’être conscient pour libérer un blocage. Et il n’y a pas toujours besoin d’exprimer l’émotion pour s’en libérer. Et une émotion peut en cacher une autre. (Par exemple la colère cache souvent le chagrin)

Toutes les techniques qui aident à conscientiser la vie du corps peuvent aider à développer une relation plus écologique avec l’émotion : techniques de détente, techniques énergétiques,  techniques de souffle, techniques de transe comme la respiration holotropique, etc. Certaines thérapies comme le dialogue intérieur[3] vont être aussi précieuses sur  ce chemin.

La relation

C’est dans la relation ou l’absence de relation que la capacité émotionnelle se construit. C’est dans les relations d’aujourd’hui que nous contactons le plus nos émotions ou nos coupures. C’est là qu’elles peuvent nous handicaper ou nous servir. C’est pourquoi nous pouvons apprendre sur nous et développer la relation à nos émotions dans nos couples, nos familles, les groupes que nous fréquentons ou dans les contextes thérapeutiques ou nous sommes en lien proche. La relation de couples est un excellent laboratoire pour contacter les émotions inapprivoisées par exemple…

Et nous avons beaucoup à apprendre. La plupart du temps quand l’émotion nous prend, il y a un amalgame entre la situation ou les faits du présent, la réaction à cette situation, les croyances ou pensées associées et les sensations et nous sommes victimes de nous-mêmes, sans conscience. C’est donc une occasion de mettre de la conscience et de différencier tout ça…

La CNV nous enseigne les bases d’une communication où les émotions sont respectées. La CNV[4] (communication non-violente) est une technique qui peut soutenir cet éclaircissement dans la relation avec soi-même et avec l’autre. :

1 Observation objective de la situation (en mettant de côté nos jugements et nos évaluations)

2 Identification des sentiments/émotions qu’éveille la situation (en les différenciant de nos interprétations et de nos jugements)

3 Identification des besoins liés à es sentiments (aspirations profondes, motivations, etc.)

4 Formulation éventuelle d’une demande en vue de satisfaire ces besoins (présentée de façon positive, concrète et réalisable).

Nous pouvons apprendre de cette technique ou de ce type de travail sur soi à :

1 les observations, faits concrets qui contribuent ou non à mon bien-être                                       Lorsque je vois, j’entends, …

2 Comment je me sens en relation avec ces faits                                                                         je me sens …

3 les besoins qui sont à l’origine de mes sentiments                                                                          parce que j’ai besoin de…

4 les actions concrètes, réalisables en langage affirmatif que je voudrais voir entreprises  maintenant et je souhaiterais … (avec moi) es-tu d’accord … ? (avec l’autre)

1 les observations, faits concrets qui contribuent ou non à son bien-être                                         Lorsque tu vois, tu entends, …

2 Comment il/elle se sent en relation avec ces faits ?                                                                               Est-ce que tu te sens  …           ?

3 les besoins qui sont à l’origine de mes sentiments                                                                          parce que tu as besoin de…

4 les actions concrètes, réalisables en langage affirmatif qu’il/elle voudrait voir entreprises  maintenant                                                                                                                                    Est-ce bien ça et maintenant aimerais-tu  … ?

Il s’agit ici de bien différencier les pensées ou interprétations ou jugements et les ressentis/ émotions, quand l’émotion est bien repérée, alors nous avons pris une certaine distance avec elle et il est possible de la considérer plus calmement, plus librement.

C’est la qualité de la relation que j’ai avec moi-même qui diffuse dans la relation avec l’autre.

Ce n’est pas mon émotion qui passe dans la relation à l’autre mais la relation que j’ai avec mon émotion.

Plus j’aurai exploré mes émotions, plus je serai apte à sentir, reconnaitre, accepter et vivre librement mes émotions, plus je serai capable d’accueillir celles des autres, sans peur, sans jugement, sans fascination.

Si je ne peux pas sentir et reconnaitre une émotion chez moi, je risque de la projeter, importer, imaginer chez l’autre «  je vois bien que tu es en colère » et l’autre peut faire de même avec moi. (Projection)

Je  peux parfois même ressentir vraiment cette colère ou peur ou … que l‘autre projette sur moi, m’identifier à cette projection. (Identification projective)

Je peux en face de l’autre ressentir soudain une émotion : est-elle à moi ou à l’autre ? En effet, d’une part, par résonnance si mon corps est plus libre et plus ouvert, je peux ressentir ce que ressent l’autre et d’autre part, si une personne n’est pas capable de ressentir une émotion particulière à un moment donné, c’est possible que moi, je la ressente de et pour l’autre (Résonnance)

Pour nous tous, selon les circonstances, selon notre énergie ou notre fatigue, il y a toujours  des moments où l’émotion monte sans crier gare. Pouvons-nous alors l’accueillir sans la juger, la reconnaître simplement et l’exprimer respectueusement ou/et la laisser de suite redescendre, dans la détente ? Tel est le chemin… mais quand nous n’y parvenons pas, entraînons-nous à éviter un autre jugement sur nous-mêmes et  félicitons-nous déjà d’avoir vue cette émotion.

Notre ego, notre forme psychique, existe et existera et il est une étape tellement essentielle de notre développement ! Si nous sommes victimes de nos émotions, nous sommes victimes de notre ego. Nous le laissons prendre le pouvoir sur notre vie. Or nous ne sommes pas seulement notre ego et nos émotions, nous sommes beaucoup plus vastes que ça et ce travail à partir des émotions nous conduit vers une vie plus entière, nous conduit à être qui nous sommes vraiment chacun plutôt que le personnage que nous avons construit pour nous défendre de la souffrance.

 

[1] « Achever une Gestalt » est un terme qui appartient à la Gestalt-thérapie, « en réalité il serait plus juste de parler de Gestaltung, mot indiquant une action prévue en cours ou achevée, impliquant un processus de mise en forme, une formation » Serge Ginger, La Gestalt, une thérapie du contact – Hommes et Groupes Editeurs, 1987

[2] Perls F., Hefferline R., Goodman P., voir bibliographie

[3] Décrit par ses fondateurs, Hal et Sidra Stone, comme un « outil de communication à la simplicité trompeuse mais au pouvoir puissant », le dialogue intérieur est une thérapie brève et ludique, elle promet une transformation globale de la personne tant sur les plans physique, mental, émotionnel que spirituel. Son concept : découvrir, expérimenter et intégrer les différentes « sous-personnalités » qui nous habitent.

 

[4] La CNV a été mise au point par Marshall B. Rosenberg, psychologue clinicien et collègue de Carl Rogers

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Brigitte CHAVAS

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